Site gallo-romain de Mont-Rivel

Organisation du sanctuaire

 

 


Plan général

L'accès principal au site se fait côté Nord, par Saint-Germain en Montagne.

 

Le premier bâtiment que rencontrent les pèlerins est une vaste construction qui accueille les attelages et les montures (A). A proximité, un bâtiment permet leur hébergement.

 

L'agglomération du Mont Rivel est organisée autour de deux temples, l'un de plan rectangulaire (B), l'autre de plan octogonal (F), qui forment le cœur du sanctuaire.

 

Une aire sacrée, grossièrement rectangulaire, d'environ 8 000 m2, axée Nord-Sud, assure la liaison entre les deux temples. Elle est divisée en trois espaces.

 

Le premier est celui au sein duquel est érigé le temple rectangulaire (B), en position décalée au Nord-Ouest, ce qui induit une période de construction différente entre l'édifice et l'enceinte.

 

La séparation avec la vaste place publique, destinée au rassemblement des pèlerins, est constituée par un mur perpendiculaire comportant au centre une communication entourée de deux piédestaux sur lesquels figuraient des statues de taureaux en bronze.

 

Deux voies bordent cette première aire depuis le temple rectangulaire et se réunissent pour accéder à cette place, au centre de laquelle est situé un four à chaux. La voie située à l'Est est beaucoup plus importante (C). Elle semble constituer la liaison la plus directe entre les bâtiments d'accueil des pèlerins et des équipages et le temple octogonal.

 

Du côté Ouest, la place centrale est bordée par un grand bâtiment, dont les salles ouvrent sur la place publique (D).

 

Cette place est limitée au Sud par une construction large de 40 m où une entrée monumentale est encadrée de piédestaux de statues (E). Elle est suivie d'un couloir permettant l'accès à l'aire sacrée du grand temple octogonal, et autour duquel se répartissent deux ensembles qui pourraient constituer un portique.

 

 


Le temple rectangulaire

 

 

Le temple rectangulaire est implanté au point culminant du plateau. La présence d'un podium, d'un escalier de cinq marches et d'un porche, montrent une volonté de monumentalité par adjonction de composantes du temple classique romain.


Ce temple présente un schéma architectural d'un type hybride, qui se caractérise par l'adoption d'un plan de tradition gallo-romaine, avec cella(1) centrale et déambulatoire ; mais il se différencie du modèle habituellement rencontré par la présence de trois particularités : il possède un podium, un porche et un escalier monumental.

 

D'un type unique dans la région, il est le produit d'une architecture où des composantes du temple classique romain sont venues s'ajouter au schéma de base celtique, en particulier par l'adjonction d'un porche.

 

Il n’existe, en Gaule, qu’une quinzaine d’édifices possédant des caractéristiques similaires. Le temple du Mont Rivel peut être comparé à ceux de Lenus Mars à Trèves, de Tongres (Belgique) et de Kornelimünster (Allemagne). Par chance, ce temple est dans un bon état de conservation, puisque le podium et l’escalier sont complets et qu’une grande partie du dallage de la galerie nous est parvenue.

 

 

L'orientation est conforme à une pratique romaine, qui veut que les édifices religieux soient ouverts vers l'Ouest. En cela il se distingue d'une bonne partie des temples de la Gaule, plus souvent ouverts à l'Est et, en particulier de ceux construits à partir du Ier siècle après J.C.


Ses dimensions (15,80 X 14 m) entrent dans la moyenne de celles des temples rectangulaires de la Gaule.

Les sols sont aménagés par un béton dans la salle centrale (ou cella) et par un dallage dans la galerie périphérique. La toiture, couverte en tuiles, devait être soutenue par une superstructure formée de colonnes de bois.

 

 

Le temple formait un ensemble coloré, les murs extérieurs étaient couverts dans leur partie basse d'un enduit de couleur jaune-beige avec un décor pyramidal. Les murs extérieurs de la cella étaient couverts d'un enduit rouge. La porte de façade était ornée de cache-clous en tôle de bronze, de forme semi-sphérique avec une collerette.

 

Hormis des fragments semblant appartenir à un socle de statue ou d'autel, le décor sculpté semble être absent. Quelques appliques en bronze ont par contre été découvertes.

 


Le temple octogonal

Le temple octogonal (F), est érigé au Sud de la dernière aire, en bordure de pente et de façon à dominer tout le paysage environnant.

 

Le mur de la salle centrale mesure 1,50 m d'épaisseur et celui de la galerie 1,90 m. Ils délimitent une galerie de 4,20 m de largeur dont les murs sont couverts d'un enduit rouge. Les dimensions extérieures sont de 25 m entre parements parallèles et la salle centrale mesure 9,80 m.

 

Ces dimensions monumentales et la présence de deux massifs de soutènement au Sud, démontrent l'existence d'un édifice imposant dont l'élévation devait être très importante. L’absence de chaussées empierrées plaide pour des déplacements à pied dans l'aire sacrée et aux abords immédiats des temples. Les pèlerins pouvaient donc soit adopter un parcours complet passant par le temple rectangulaire, puis par la place publique et le portique permettant d'accéder au temple octogonal ; soit emprunter la grande voie Est (C) et accéder ainsi directement au temple octogonal.

 

Les deux temples sont parmi les plus anciens édifices du site et il n'est pas exclu qu'ils aient pu être construits au cours de la première moitié du Ier siècle, voire même qu’ils aient succédé à des édifices antérieurs en matériaux périssables.

 

Toutefois l'aspect romanisé du temple rectangulaire et le fait que les murs du péribole (2) soient maçonnés plaident pour une construction moins précoce. Les enceintes ne sont en effet généralement maçonnées qu'à partir du milieu du Ier siècle et les temples en pierre influencés par l'architecture classique se développent particulièrement vers la fin du Ier siècle.

 

A noter que l'on trouve fréquemment dans les sanctuaires des aménagements liés à l'eau mais qu'aucun n'a été mis en évidence sur le site du Mont Rivel, malgré la proximité de plusieurs sources dans la partie supérieure de la pente sud-est et même sur le plateau. Enfin, la divinité à laquelle le sanctuaire était dédié n'est pas connue.

 

 


Les autres constructions

De part et d'autre de l'aire sacrée s'ordonnent de nombreuses constructions. Les deux quartiers Est et Ouest, ainsi créés, sont aménagés en terrasses et subdivisés par des espaces de circulation.


Les constructions du quartier Est correspondent a un habitat assez aisé, avec des parties commerciales.

Les habitations comportent en général trois pièces dont les murs sont couverts d'enduit peint avec des décors géométriques ou floraux. Elles sont sans étage, mais avec au moins une cave ou une salle en sous-sol, à laquelle on accède par un escalier en bois. Les caves sont de facture soignée avec des soupiraux et des niches et les joints des pierres des murs sont tirés au fer. Des rainures creusées dans la roche et des pierres de soutien attestent la présence de planchers dans les pièces d'habitat et les caves.

 

Les bâtiments du quartier Ouest attestent d'une activité agricole, essentiellement consacrée à l'élevage du mouton au Ier siècle, auquel succède le porc, qui demeure seul présent à partir de la deuxième moitié du second siècle.

Dans ce secteur, les activités artisanales sont nombreuses : boucherie, tabletterie, métallurgie du fer et du bronze et l’habitat est peu dense.

 

La zone à fonction religieuse axée sur une ligne nord-sud est complétée au nord par deux grands bâtiments implantés à proximité du lieu où la voie d'accès au site, reliant le sanctuaire d'Equevillon à l'agglomération de Saint-Germain-en-Montagne aboutit sur le plateau. Ils permettaient l'hébergement des pèlerins et des chevaux ou attelages.
La zone d'occupation déborde largement sur les pentes du Mont où des terrasses sont aménagées et quelques constructions implantées au IIe siècle, période la plus florissante du sanctuaire.

 


1 - Cella : (équivalent grec ; naos)
La cella (mot dérivé du latin celare, cacher et qui désigne un local fermé) est la salle principale du temple romain, fermée par quatre murs, généralement de forme rectangulaire, Elle s’ouvre sur l’avant du temple par une porte à deux battants.
La cella d’un temple romain abrite généralement la statue de la divinité à laquelle le temple est consacré et éventuellement d’autres dieux ou déesses liés à la précédente.
Seuls les prêtres ont accès à l’intérieur de la cella qui reste invisible du public. Toutefois, durant certaines cérémonies, les portes du temple sont ouvertes, pour que la divinité puisse voir et exercer son pouvoir protecteur sur l’extérieur.

2- Péribole : Enceinte sacrée du temple

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