Les fouilles du cimetière mérovingien de CROTENAY

Le cimetière de Crotenay s’inscrit dans un vaste ensemble d’occupation, en relation avec celui de Monnet la Ville.

Les découvertes effectuées par l’équipe du docteur Claude MERCIER de 1969 à 1977 (dans le cadre d’une autorisation de fouille de sauvetage, délivrée par la Direction des Antiquités Historiques de Franche-Comté) sont exposées au Musée Archéologique de la ville de Champagnole. Elles correspondent à une période d’occupation du milieu du Ve siècle au milieu du VIIIe siècle.

 

Ce site, connu antérieurement, a dû être fouillé en raison de l'établissement d'un terrain de sports. Il contenait plus de 450 inhumations : toutes de l'époque mérovingienne.

 

Il s'agissait d'un cimetière du type "par rangées de tombes", c'est-à-dire où les fosses d'inhumations sont orientées d'ouest en est, et alignées côte à côte. Ce type de cimetière est caractéristique de l'époque mérovingienne.

Sur 219 inhumations, 108 au moins contenaient des traces sombres, vestiges de planches, formant un bâti qui recouvrait le cadavre. leur profondeur était de 1,50 m en moyenne. Les tombes à dalles ou murettes représentaient environ 10% du total. Le mort est généralement allongé sur le dos, la tête à l'ouest.

 

 


Le mobilier funéraire

Des linceuls ont été parfois utilisés, trois tombes contenaient une perle de verre, située juste derrière le crâne, qui en formait l'agrafe.

 

Plaques-boucles et plaques de ceinture constituent la majeure partie du mobilier. Les agrafes à double crochet sont peu courantes. Trois boîtes, ou pyxides, contenaient des "gri-gri".

Un bandage herniaire a été découvert.

 

 


Conclusions des recherches

Il existait, comme à Monnet-la-Ville, des caractères anthropologiques propres aux Burgondes, mais la durée d'utilisation plus longue de ce cimetière fait que les caractéristiques raciales ont, à la fin, tendance à diminuer en nombre, en raison de brassages de populations.

 

Le fait le plus remarquable est qu'au fur et à mesure que l'on avance dans le temps, les rites d'ensevelissement et le respect des premiers inhumés sont de moins en moins observés, ce qui témoigne de l'aggravation des conditions de vie.

L'on peut se demander si l'abandon du cimetière dans la première moitié du VIIe siècle n'est pas dû à une misère telle que les rites sociaux de l'ensevelissement ne sont plus respectés. Pour n'en citer qu'un exemple : les inhumations les plus récentes sont peu profondes et ne sont même plus orientées d'ouest en est.

 

Un autre fait remarquable est l'importance du cimetière de Crotenay, qui devait initialement compter près de 1.000 sépultures. En effet, dans le Jura, les cimetières barbares comprennent rarement plus de 100 inhumations et ce n'est, en Franche-Comté, qu'au seuil de la Bourgogne (vers Belfort Montbéliard) que l'on rencontre des cimetières de cette importance.

 

Il est donc possible que, comme dans la région dont il vient d'être question, il y ait eu à Crotenay un regroupement intentionnel de population à la proximité, dans la zone nord-est du Jura, de barbares non romanisés : les Alamans, dont la présence est bien attestée dans "La vie des pères du Jura", écrite au début du VIe siècle.

 

 

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