Agglomération de Saint-Germain en Montagne

Un matériel caractéristique d'une occupation permanente

 

 


La Céramique

La céramique sigillée est nettement moins présente sur le site de Saint-Germain que sur celui de Mont Rivel, et elle n'est, en général, rencontrée que dans les niveaux du IIème siècle. Par contre, la céramique métallescente(1) est abondante, en particulier dans les salles en sous-sol, où elle était rangée dans les niches murales.


La céramique à revêtement argileux est présente en beaucoup plus grand nombre ; les formes sont très variées.

La céramique commune claire est très abondante : il s'agit d'une céramique tournée à pâte bien cuite, présente sous forme de cruches, mortiers, pots et faisselles. Cette production semble locale ; elle est datée des Ier et IIème siècles.
La céramique de tradition indigène à pâte non tournée est également abondante. Il s'agit principalement de marmites, terrines et plats.


La céramique commune sombre est peu représentée.

 

Les amphores ont été rencontrées en relative abondance dans la zone sud-est (amphores vinaires, amphores à huile), alors qu'elles sont très peu présentes sur le reste du site.

 

Les figurines en terre cuite : six fragments de figurines ont été trouvés : deux correspondent au type Vénus Anadyomène(2) (types II, CGO et AGG de Rouvier-Jeanlin) et quatre sont des représentations de la déesse-mère nourricière et protectrice allaitant un enfant. Un exemplaire porte, sur l'arrière du socle, la signature du potier PISTILLVS de l'atelier d'Autun.

 

 


Les monnaies

 

L'étude des monnaies n'a été effectuée que de façon très partielle pour ce qui concerne les découvertes effectuées en 1966-68 : sur la cinquantaine d'exemplaires découverts au cours de la fouille, 12 seulement ont été identifiés. 2 ont été émises dans la deuxième moitié du Ier siècle, 2 dans la première moitié du IIème siècle, 6 dans les deuxièmes et troisièmes quarts du IIème siècle, 1 dans le dernier quart du IIème siècle et 1 dans le premier quart du IVème siècle.

 

Les découvertes de 1991-92 apportent des informations plus précises : parmi les monnaies découvertes, seules 7 n'ont pu être identifiées du fait de leur mauvais état de conservation.

 

Les 100 exemplaires étudiés se répartissent sur plus de 4 siècles : 7 sont des potins séquanes (LT 5368), deux sont des deniers en argent de Lucius Verus et Elagabale, les 91 autres sont en bronze.

 

La répartition chronologiques des émissions (hormis les potins séquanes) s'établit comme suit : 5 datent des règnes des Césars, 12 des Flaviens, 62 des Antonins (avec une nette prédominance des monnaies d'Hadrien et d'Antonin-le-Pieux), 14 de l'Empire militaire. L'exemplaire le plus tardif appartient à Jovin.

 


Les fibules

Parmi le matériel découvert en 1966-68, une seule fibule a été identifiée : elle appartient à un type dérivé de celui dit d'Aucissa (Feugère 23c1).

 

La fouille du secteur nord-ouest (1991-92) a livré 25 fibules, dont 5 ont été découvertes dans des niveaux de la deuxième moitié du Ier siècle ; il s'agit de fibules à ressort nu et corde variable.

 

Les 20 autres exemplaires correspondent à des niveaux du IIème siècle : 2 fibules à ressort nu et corde variable, 2 skeuomorphes émaillées, 1 du type Aucissa, 1 à ressort nu et corde externe, 1 géométrique simple, 1 à ressort protégé, 1 à profil anguleux, 2 à arc bipartite à double pente, 2 à moulurations complexes, 1 zoomorphe, 5 à plaques insérées, 1 à registre circulaire.

 

Il est à remarquer que les datations généralement admises pour les fibules font régulièrement ressortir un décalage leur attribuant une datation plus précoce d'environ 50 ans, par rapport aux autres types de matériels découverts dans les mêmes couches stratigraphiques. Il pourrait s'agir d'un effet de mode intervenant à retardement dans ce secteur du Jura. La même observation a été effectuée à Mont Rivel.

 


Le matériel métallique

 

Le matériel en bronze est abondant, il s'agit de bijoux : boucles d'oreilles, bagues et bracelets ; d'appliques en forme de pelte, circulaires et figurant une tête de lion ; de boutons de meubles à tête sphérique ou en forme de "champignon" ; de cuillères, perles, clés, épingles, aiguilles, cuillères, clochettes et d'une petite lame de serpe.

 

Le matériel en fer est lui aussi très abondant. Il s'agit de ferrures de portes, serrures, clés, frettes de canalisations, crémaillère, chandeliers, dents de râteaux, pique-boeufs, couteaux, pitons, crochets, styles, fers de lances et javelots.
Les outils sont nombreux : 20 couteaux et tranchoirs, 1 racloir, 1 tranchet, 1 scie, 1 tarière à bois, 1 marteau, 1 hache. il en est de même pour les objets en relation avec les activités agraires : 23 dents de râteaux, 2 pique-boeufs.

 


Les objets en bois

 

Ce matériel provient exclusivement de la fouille du puits de la salle 302. Il se compose de fragments de coffret en épicéa, ornés de clous en bronze ; d'objets en buis : couvercle de pyxide(3), fusaïole, cheville ; de fragments d'une tablette d'écriture en épicéa (tabulae ceratae), ainsi que d'une paire de galoches en hêtre.

 


Galoches en hêtre

Ces chaussures, découvertes au fond du puits, sont taillées dans un seul morceau de hêtre, y compris les deux patins. Leur longueur identique de 280 mm correspond à une pointure 42. La largeur maximale est de 107 mm. La hauteur totale, prise au niveau de conservation maximale des patins est de 65mm.


Ce type de galoches, ou socques est signalé dans l'antiquité, comme chaussures ou sandales, utilisées dans les thermes, pour éviter de se brûler les pieds. La Gallica gauloise, ancêtre de la galoche peut aussi être rapproché de ces exemplaires.

 

On peut relier le port de ces galoches à l'utilisation des séchoirs. Il peut également être envisagé qu'elles étaient portées par les utilisateurs ou le préposé au chauffage de l'hypocauste.

 

Cependant, les chaussures à patins n'ont pas toutes eu pour but la protection contre la chaleur, elles étaient souvent simplement utilisées pour la marche. Il s'agit peut-être du modèle courant de chaussures portées par les habitants.

 

 

 


Synthèse concernant le matériel

Le matériel découvert sur le site de Saint-Germain est moins riche que celui provenant du Mont Rivel, alors que les bâtiments le sont tout autant. Par exemple, il n'a été rencontré qu'une seule intaille et beaucoup moins de fibules, qui sont d'ailleurs moins ornées à Saint-Germain.


Il semble que le matériel de Mont Rivel corresponde plus à des vêtements d'apparat, portés par des pèlerins, à l'occasion de cérémonies religieuses ou lors de grandes réunions périodiques. Le matériel trouvé à Saint-Germain correspond plus à des témoins de la vie quotidienne.


Les styles étant utilisés pour l'écriture, peuvent être considérés comme un des indices du niveau intellectuel de la population. Il aurait semblé logique d'en rencontrer en plus grand nombre sur le Mont Rivel, où une population de religieux résidait. Cependant, la fouille de Saint-Germain en a produit un plus grand nombre, relativement à la surface étudiée.


Les monnaies ont également été plus nombreuses à Saint-Germain, et ce phénomène correspond vraisemblablement à une population plus sédentaire.


Les objets correspondant à la vie quotidienne sont nettement plus nombreux à Saint-Germain, ce qui semble confirmer l'hypothèse selon laquelle l'agglomération de Mont Rivel n'était pas habitée en permanence.


Les figurines en terre cuite : six fragments de figurines ont été trouvés : deux correspondent au type Vénus Anadyomène(2) (types II, CGO et AGG de Rouvier-Jeanlin) et quatre sont des représentations de la déesse-mère nourricière et protectrice allaitant un enfant. Un exemplaire porte, sur l'arrière du socle, la signature du potier PISTILLVS de l'atelier d'Autun.
 

1 - Céramique métallescente :Cette céramique se caractérise par une engobe (revêtement argileux fin) qui, après cuisson donne un aspect rappelant celui de la vaisselle métallique.
2 - Anadyomène : Sortant du bain
3 - Pyxide : Petite boîte, souvent boîte à bijoux

 

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