Sites burgondes-mérovingiens

Le Jura à l'époque mérovingienne


La Séquanie continue à vivre dans la mouvance romaine pendant toute la première moitié du IVe siècle. Après son rattachement au monde franc, le royaume burgonde garde son originalité ; une autonomie marquée de l'empreinte romaine.

 

L'implantation franque semble localisée en des points stratégiques : plaine de la Saône, vallée du Doubs, alors que les plateaux du Jura semblent plus romanisés. C'est pourquoi, dans le Jura mérovingien, une partie montagneuse, en principe plus burgonde (Monnet-la-Ville, Crotenay) se distingue de la plaine et du Revermont, plus germaniques, plus militaires sous influence franque (Chaussin).

 

Dès 434-35, l'élan du monachisme, à partir de Condat (Saint-Claude), bénéficie de l'appui de la famille royale burgonde et rayonne vers la vallée du Rhône et la Suisse, tandis que Saint-Oyend, abbé de Condat de 490 à 510, introduit la vie communautaire au monastère.

 

Le monachisme, moteur de la christianisation, joue un rôle certain dans la colonisation. Le monastère de Saint-Claude et ses domaines se développent et intègrent dans la région lédonienne des biens (Arlay, Domblans), remis par la Cathédrale de Besançon au VIIe siècle. De nouvelles fondations sont connues pour le VIIe siècle : Bulle, Aiglepierre, Pontarlier, Château-Chalon.

 


Les Mérovingiens

Les habitats mérovingiens sont connus par les textes (Vie des pères du Jura). L'oubli de certains gestes (taille de la pierre) et la réutilisation des ruines romaines ne doivent pas ternir la qualité des techniques alors utilisées. Le travail du bois, les adductions d'eau, la construction des moulins, le travail manuel (couture, orfèvrerie...) en sont la preuve.

Les tribus fédérées à l'empire romain lui ont emprunté nombre de gestes techniques. certaines en ont adopté le mode de vie (rédaction romanisée de leur droit tribal).

 


Qui étaient les Burgondes ?

Orose, historien du IVe siècle, donnait les Burgondes en exemple pour leur charité chrétienne. D'autres auteurs nous les décrivent comme étant robustes, sans méchanceté, pleins d'appétit et de vigueur.

 

Sidoine Apollinaire, Préfet de Rome, qui séjourna vers 470 à la cour du roi des Burgondes, reconnaît que, de tous les maîtres que la Gaule eut à subir, les Burgondes furent les plus humains et les plus supportables. Il se moque de leurs mœurs rustiques, et les dépeint maniant le rabot à l'établi, en chantant des chansons gutturales. Ils sont charpentiers, forgerons et éleveurs de gros bétail, surtout de bœufs et de chevaux. Il nous décrit leur salut matinal où il est gratifié des qualificatifs de père ou d'oncle, et nous les montre se graissant leur longue chevelure avec du beurre rance.

 

Les guerriers portent des vêtements arrêtés haut, très serrés et de couleurs bariolées, les manches ne voilant que le haut des bras ; les pieds sont enfermés dans des chaussures de cuir ayant le poil dehors. Les femmes portent des tuniques longues et étroites, en lin ou en soie brodée, enserrant le corps jusqu'aux pieds, et décorées sur le devant et le côté de bandes pourpres ; les manches sont larges. Un voile drapé sur la tête ceint le front et retombe sur le dos et les épaules.

 


Comment vivaient-ils ?

Les Burgondes habitaient des huttes à demi enterrées, dont les murs en torchis étaient construits entre des pieux enfoncés dans la banquette de terre rejetée.


Le toit était constitué de chevrons débordant largement, voire reposant sur le sol, brêlés sur la faîtière, qui était supportée par des pieux centraux lorsque la hutte était grande. La couverture était de chaume, jonc ou branchages. Chaque hutte était entourée d'un enclos où se déroulait la vie domestique. Les cimetières étaient établis en dehors des villages.

 

Ils vivaient de la culture céréalière et vivrière (navets, pois chiches, fèves, lentilles). Ils pratiquaient l'élevage : le porc fournissait la viande et les bovins et caprins le lait. Les chroniqueurs attribuent aux Burgondes l'assolement triennal, le soc métallique et l'ancêtre de la vache Montbéliarde.

 

Beaucoup d'objets de la vie courante sont l'œuvre du savoir faire local : tissage du lin ou de la laine pour les vêtements, céramique pour les ustensiles de cuisine, forgeage des outils et armes, travail du bois.

 


Qu’en reste-t-il localement ?

Dans le Jura, les seules traces qui subsistent des Burgondes sont les cimetières aux nombreuses tombes orientées et alignées.

 

L’intérêt des tombes ne réside pas seulement en elles-mêmes, mais aussi dans le mobilier qu’elles renferment, puisque les Burgondes avaient pour coutume d’enterrer leurs morts avec armes, bijoux et effets personnels.


L’archéologie nous renseigne sur le degré de civilisation de ce peuple, le développement de sa culture, son mode de vie, ses croyances et les rapports avec les autres peuples.

 

La plupart du temps, les tombes étaient groupées dans de vastes nécropoles avec un alignement plus ou moins précis. Le mort est presque toujours couché sur le dos, la tête légèrement inclinée, les bras étendus le long du corps ou croisés. Le défunt, selon sa condition, était inhumé avec son habillement complet et souvent avec ses bijoux et des objets rappelant son activité.

 

Les Burgondes, sensibles à l'influence romaine, en ont adopté les pratiques funéraires : inhumations sans accessoire vestimentaire ni dépôt funéraire, ce qui explique que les cimetières jurassiens soient pauvres, comparés à ceux des régions voisines.

 

Les tombes sont généralement alignées et les cimetières doivent être assez semblables à ceux que l'on trouve aujourd'hui dans nos campagnes, avec des fosses rectangulaires surmontées d'un remblai régulier et une disposition générale linéaire, avec des allées de circulation entre les tombes.

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